jeudi 13 décembre 2012

Allons aux PMB !


11/12 Allons aux PMB compagnons allons !

Ca y est, tout le monde est parti, ça fait à la fois bizarre de se retrouver qu'entre Crozetiens, mais aussi du bien de se dire qu'on se retrouve enfin, après un mois, plongé dans le bain de notre hivernage à venir, bain qui d'ailleurs, pour une fin de printemps, n'est pas bien chaud... La météo crozetienne, ou comment voir passer les quatre saisons dans la même journée.

Hier, première manip avec Tim' et Franck, les ornithos, près du barrage (point sur la carte), pour contrôler les nids de Pétrels à Menton Blanc (PMB pour les intimes ;p). On fait cette manip parce qu'on veut connaître l'identité des deux partenaires des couples nicheurs, savoir s'ils ont un œuf, s'ils couvent jusqu'à ce que le poussin éclose, s'ils arrivent à l'élever. En deux mots, cette étude consiste à étudier le succès reproducteur du PMB.  En parallèle, les ornithos vérifient le niveau de consommation de raticide déposé devant les nids des PMB (les rats, on n'en veut pas !). Cette manip s'inscrit dans un suivi à long terme pour voir l'évolution de la population de PMB, savoir la pression exercée par les rats sur les nids et l'impact à long terme du changement climatique. Merci à Tim' pour l'explication !


PMB !
En quoi consiste cette manip? Imaginez-vous allongé sur un tapis d'Acaena, plante locale formant des tapis dont les fruits s'accrochent à nos gants façon bardane, devant une trappe ménagée dans le terrier de l'oiseau et bouchée le reste du temps par une motte de terre. Oui, le PMB vit dans un terrier, qu'il creuse avec les griffes de ses pattes.  On fait pénétrer par la trappe une caméra au bout d'un bras plus ou moins souple, bras que l'on fait avancer dans la cavité (principe de l'endoscopie...) afin d'aller voir s'il y a un œuf, un adulte couveur, et si adulte couveur il y a, essayer de lire le numéro inscrit sur la bague à sa patte droite. Si l'oiseau est sympa, ça va vite, sinon, c'est une séance de contorsion / bain de boue pour le manipeur...

Et là je ne suis pas trop tordu encore...




Si oiseau il y a dans le terrier, il ne tardera pas à se manifester, soit en nous gueulant dessus, soit en donnant des coups de bec sur la caméra, ou encore mieux, en pinçant la main du manipeur (et quand ça pince, ça fait pas plaisir...). Si l'oiseau n'est pas bagué, il faut le sortir du nid pour lui poser à la fois une bague métal et une bague numérotée.



Un PMB un !
La manip' est vraiment sympa, dans un cadre encore une fois superbe,(mais à Crozet c'est partout comme ça ;p) avec une vue magnifique sur la pointe des pétrels en fin de manip. Par contre les mains mouillées dans la terre, ça refroidit très vite, on finit donc couverts de terre, gelés, parce qu'il a fait (neige/grêle/pluie/neige/pluie) x vent pendant tout l'après-midi... Mais ça fait partie du jeu, c'est pour ça qu'on est là aussi ! Et merci Franck pour le sublime Snickers périmé au goût de savon, c'était magnifique ! :D

Pétrel à Menton Blanc,
Oiseau de terrier maquillé,
ne plus sentir ses mains...

mercredi 12 décembre 2012

En attendant le prochain article...





Quelques photos prises pendant ma manip d'hier à la Pointe des Pétrels ! :)
L'oiseau est un Albatros Fuligineux, un de mes préférés ici !

mercredi 5 décembre 2012

An island in the sky...


Je ne peux pas ne pas vous faire partager le spectacle auquel nous avons assisté hier soir, quand les nuages sont descendus recouvrir la mer, dévoilant l'île de l'Est, notre mystérieuse, superbe et changeante voisine...

Une mer de coton,
Intouchable île du soir
Sourire. Expirer un nuage...

mardi 4 décembre 2012

Quelques photos !

Quelques photos pour patienter avant mon prochain billet ! ;) Take care les gens !

Le Manchot Royal, puant, bruyant, mais superbe oiseau, le truc le plus photogénique du monde, m'est avis...

Manchots Royaux :)

Vue de la pointe du Bougainville. Quand le vent souffle fort, les cascades coulent vers le ciel !

Ma tête, sur le terrain, décoiffé..

lundi 26 novembre 2012



La Vallée des Branloires
21/11/12: En Arbec !

De retour de la Baie Américaine, de retour d'un autre monde. Là bas, tout est neuf et tout est sauvage, disait un grand poète du XXème siècle, et il avait bien raison JJG... Là-bas c'est juste grandiose... De telles étendues, sans signe d'occupation humaine autre que le chemin tracé à la longue par les bottes et les balises ou autres cairns, c'est simplement hallucinant. Au séminaire de l'IPEV, je discutais avec des gars qui partaient pour la troisième, quatrième fois, et ils m'expliquaient à quel point ils en ont voulu à l'Homme la première fois qu'ils ont mis le pied dans les TAAF. Aujourd'hui, de retour de mon premier séjour en arbec, je commence à comprendre ( et je ne cite pas Florent Pagny...).
ma tête, avec la vallée des Branloires en arrière plan
  
Ici on se rend compte à quel point la Terre devait être belle avant... Première rencontre avec les orques pendant le trajet aller, à la "Piscine", bassin où les longues algues croissent et où les orques viennent se prélasser en s'y frottant. Les algues c'est bon pour leur peau aussi, on n'a rien inventé ! Un spectacle qui ferait pâlir n'importe quel Seaworld, et qui nous fait ressentir, en côtoyant ces animaux d'aussi près, la puissance et la grâce des grands mammifères marins. 
Paul, chargé d'étudier ces grosses bestioles par la réserve naturelle des terres australes (Rez'Nat' pour les intimes, compte deux petits dans le groupe, dont un qui doit avoir seulement quelques semaines. Il nous explique que les orques que l'on voit passer les unes par dessus les autres en se frottant font pour le petit une phase de sociabilisation.


Mes nouveaux potes les manchots

Avant cette folie de la nature, nous sommes passés par la petite manchotière...
Une crique, des manchots, plein de manchots ! Ces oiseaux incroyablement photogéniques nous regardent crânement passer en piaillant, se laissent prendre en photo (remarque, il vole pas le machin, et s'il essaye de courir, il tombe à plat ventre, alors...) Les éléphants de mer aussi ! Des yeux souvent rouges, à l'air mélancolique, mais une bouche qui semble sourire, et leur vie a l'air si cool, allongés sur le sable noir, blottis les uns contre les autres. Pauvres élephs', leur seul moyen de défense, allongés sur la plage, c'est d'ouvrir grand la gueule et d'émettre un son proche du rot. Tu m'étonnes que les chasseurs s'en sont donné à cœur joie,  à abattre ces pauvres bêtes ! Ils se déplacent bizarrement les élephs', sorte d'ondulation du corps façon larve mais avec des mains nageoires dont ils se servent pour se gratter.


Sont'i pas mignons?


L'Arbec de BUS (un des deux), et encore la Vallée des Branloires
L'arbec, maintenant ! Ah, l'arbec de BUS, première expérience de manip en cabane, très très sympa, avec sa gazinière, son chauffage radiant, et ses huit couchages ! Très bon moment passé là avec toute l'équipe Ecobio, une chimay et un carry !

Note pour plus tard, prendre plusieurs paires de chaussettes pour la vie en cabane, et pas des chaussettes fines ! 

dimanche 25 novembre 2012

La vie sur base (2)



Le bras, c'est Tiphaine, là bas, la Baie du Marin :)



15/11 : C'est ici le camp des naufragés?
Pour loger tout le petit monde descendu du Marion Dufresne, une réorganisation totale de la vie sur base a été nécessaire, à commencer par le couchage ! Et oui, faire dormir 150 personnes dans un espace prévu pour en loger une cinquantaine, ça demande de s'adapter ! Du coup, les matelas, couvertures et autres oreillers ont été transférés du Marion Dufresne vers la base en hélicoptère, de même que le reste des vivres destinées à nourrir tout ce petit monde. Pendant ce temps, il me faut me mettre dans le bain de ma mission en un laps de temps très court, en effet, Tiphaine repart avec le Léon Thévenin, le vaisseau câblier, ce qui me laisse une petite semaine pour apprendre le plus possible et pouvoir m'en sortir seul ensuite !
J'accueille Rémi, ornithologue en partance pour Amsterdam, dans ma chambre, me voilà avec un colloc pour quelques jours !
Les matelas, couvertures s'accumulent dans les hangars avant d'être dispatchés sur la base...
De part le nombre de personnes présentes sur base, on nous a demandé, et c'est normal, de limiter le nombre de douches et la consommation d'eau chaude, ce qui, après coup, n'a pas été un problème puisque que je ne me suis jamais retrouvé à court d'eau chaude sous ma douche ! Les repas sont servis en deux services, le midi, des buffets gargantuesques sont servis, et c'est plat chaud le soir !


17 et 18/11 : Premières manip autour de la base

Une grande partie du programme 136 Ecobio que j'effectue sur Crozet est dédiée à l'étude à long terme des populations d'invertébrés et d'espèces végétales en réponse aux changements climatiques.
Mon premier bébé albatros !
 Des manips (manip: jargon scientifique qui signifie mise en place d'un protocole expérimental sur le terrain.
Une manip peut inclure des manipeurs, gentils accompagnateurs du scientifique chargés de quelque tâche souvent ingrate telle que du catch avec un jeune manchot, cacher le soleil pendant que le scientifique prend la photo, prendre des notes... mais c'est un job sympa !) telles que du piégeage d'invertébrés à intervalles de temps réguliers, la description et le suivi de certaines communautés végétales, ainsi que le suivi du développement de certaines espèces, sont le fil conducteur du programme.
Pièges barber, boîte métallique posée dans le sol. Les bestioles marchent et hop, tombent dedans !
Ce sont ces manips de terrain que j'ai appris à mettre en place ces jours-ci, dans un cadre qui ne cesse de m'en mettre plein la vue ! Une manip en arbec est prévue à la Baie Américaine (BUS pour les intimes, à quelques 3-4 heures de marche de la base) dans les jours qui viennent, j'ai hâte ! ( et je vous raconterai ça très vite ! ;p)


Demain des photos de manchots !!!

samedi 24 novembre 2012

La vie sur base (1)

La baie du Marin, avec le Marion Dufresne


 Ce matin, une grande partie des personnes débarquées du Marion Dufresne, les campagnards d’été, les membres d’équipage, et une partie de l’équipe des hivernants de la dernière campagne, ont pris la mer à bord de zodiaques vers le Léon Thévenin, vaisseau câbleur France Télécom dépêché d’Afrique du Sud pour venir à la rescousse des naufragés. La fin de cet épisode qui a chamboulé la vie de la base Alfred Faure, faisant d’elle, le temps d’une semaine, la capitale des TAAF, me donne l’occasion de revenir sur les événements (moult) et les péripéties (plus moult encore) que nous avons tous traversé depuis ce matin fatidique du 14 Novembre…


14/11, Matin, ou comment vivre en une journée un ascenseur émotif total…
Tout le monde se lève aux aurores. La veille nous fut annoncé que la Possession serait visible dès le lever du Soleil, avec un point de vue inédit puisque le Marion Dufresne va ravitailler les Arbecs (cabanes où nous logeons le temps de nos manips de terrain, en langage Crozetien), en commençant par Pointe Basse, au Nord Est de l’île, puis faire le tour de l’île d’Est en Ouest, pour arriver à la Baie du Marin dans l’après midi. Bref, tout le monde sur le pont, dans les passerelles, appareils photos, caméras à la main. Tout le monde sourit, et pour les hivernants de l’expédition Crozet 50, c’est la découverte de notre nouveau chez nous. Les premiers manchots royaux, dans leur colonie, là bas, sur la côte, et les premiers groupes en mer, que l’on voit depuis les passerelles.
Ascenseur émotif, vous êtes bien arrivés au sommet, attention aux crampes liées aux sourires…
Ça y est, nous sommes bien arrivés chez nous… Le ravitaillement se passe bien, le Marion reprend son tour de l’île. Passent la roche percée, les Rochers des Moines, lames rocheuses dressées vers le ciel… Le tour continue encore, puis le Marion heurte quelque chose… Pour la suite je n’entre pas dans les détails, mais nous sommes renvoyés à nos cabines le temps qu’une évaluation préliminaire des dégâts soit faite. Vous vous souvenez de l’ascenseur émotif ? Là, on entame franchement la descente… Pour les événements suivants de la journée et passer plus vite aux trucs plus sympas, une petite liste : Pendant une grande partie de la journée, on ne sait pas si les hivernants de Ker et d’Ams vont pouvoir continuer leur mission, ou s’ils vont être reconduits en métropole le temps de réparer le Marion, parce que oui, le Marion est quand même touché. Nous autres de Crozet sommes autorisés à descendre, puis j’apprends que de tout le groupe Ecobio prévu pour descendre à terre, je serai le seul à prendre l’hélico.
Ding ! Troisième sous sol émotif, tout le monde descend !
Yann de l’IPEV me remotive (merci Yann !), je monte dans l’hélico avec mes camarades hivernants, et on décolle… On voit le Marion s’éloigner, la base Alfred Faure se rapprocher, une pancarte de bienvenue, des petits bonshommes en ciré jaune.
La pluie sur Alfred Faure,
Des âmes en ciré jaune
Découverte des visages…

Les présentations sont rapides, les noms échangés, les visages découverts, les voix entendues pour la première fois. Ces personnes virtuelles, nos prédécesseurs, prennent enfin corps. Nous sommes arrivés… La suite de la journée est aussi intense et mouvementée qu’inoubliable. Nous autres, nouveaux hivernants encore verts et gorgés d’été, sommes mis à contribution aux stocks de nourriture : l’hélico débarque le ravitaillement destiné à Crozet, plus une partie de celui destiné à Kerguelen et Amsterdam. Les chaînes se forment, les cartons, boîtes, packs de bouteilles et autres bidons défilent, passent de main en main.

Ascenseur émotif : Rez-de-chaussée, tout le monde descend !

L'île de l'Est, et le MarDuf (vue depuis la fenêtre de ma chambre ;D)
La découverte de la chambre… (que nombre de mes proches en France attendent avec impatience ;p) est une excellente surprise. Je savais que le logement des hivernants sur Crozet était très bon, mais là… Je récupère la chambre de Tiphaine, mon maître Jedi Ecobio, dans le bâtiment l’Albatros. Grande chambre avec une vue sur la baie du Marin, et en face, l’île brumeuse, mystérieuse, fantomatique, l’île de l’Est… et sur le Marion…Et la découverte de la base ! Le bâtiment de vie commune est un endroit extrêmement chaleureux, avec sa salle de billard / webcafé / Bibliothèque, le fameux CroNiBar, unique bar de l’archipel, la salle à manger, et ses cuisines… Ce n’est pas fini ! En sous sol, une véritable salle de cinéma (s’il vous plaît…), une bibliothèque-DVDthèque plus que bien fournie, et un labo photo.
Premier repas sur base, première claque d’une série de repas meilleurs les uns que les autres, des desserts incroyables, inclinons nous devant la puissance de nos chefs de cuisine… La vaisselle se fait en commun, la vaisselle sortant de la machine à laver est séchée immédiatement au torchon puis rangée. On apprend vite les coutumes locales, dont l’ancestral, fameux et puissant claqué de torchon !
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vendredi 16 novembre 2012

Un lever de Soleil sur l'Indien

Entrée de Journal n°4, Passerelle de commandement du Marion Dufresne,
12 Novembre 2012

Il est 6h30, une heure et demi que je suis debout. Pourquoi se lever
si tôt, me direz-vous? Et bien pour voir le Soleil se lever.

Ce matin, le coureur de feu commençait son parcours à 5h30,et pour le
voir du début, il fallait être sur la passerelle à 5h10. Que dire,
hormis le fait qu'un horizon aussi dégagé que celui de l'Indien et les
quelques nuages fuyant à l'horizon ont fait de ce moment une demi
heure purement magique.

Pour nous récompenser de nous être levés si tôt, le premier grand
albatros a fait son apparition, mettant les ornithologues, et les
autres, en joie. Les oiseaux sont de plus en plus nombreux dans le
sillage du Marion Dufresne, et la prise de photos plus aisée. Mon
petit bridge Samsung fait bien pâle figure comparé aux mastodontes
d'objectifs qu'ont les ornithologues, mais il se défend bien !

Nous devrions atteindre Crozet dans la nuit de Mardi, pour mettre pied
à terre Mercredi ! Même si la vie à bord du Marion est très agréable,
j'ai tout de même hâte de mettre pied à terre !

à plus tard pour de nouvelles aventures, je vais prendre mon petit déjeuner ;p


jeudi 15 novembre 2012

Premiers jours de mer

Entrée de journal n°2, samedi 10 Novembre 2012, cabine 3026, Pont C, Marion Dufresne

Je suis deux ponts sous le pont supérieur, paraît que plus on est bas, moins ça bouge... Quoiqu'il en soit, le pont C est le pont des VSC, et ça bouge pas mal quand même ici !
Par le hublot de cette cabine où se trouvent deux lits superposés, de taille et de confort très convenable, une salle de bain, un bureau et  une armoire, je vois la mer, de jour comme de nuit, monter, descendre, blanche, bleue, noire, rose au matin, un bon spot où poser ma caméra, même si je n'ai pas encore eu le temps de le faire.


Fenêtre ronde sur un monde de vagues,
en boire l'eau par les yeux,
j'ai vu un poisson volant...

La vie sur le Marion Dufresne est régie par des sonneries qui nous invitent aux évènements de la journée, en commençant par le plus important d'entre eux: le repas ! et attention, on ne déconne pas sur les horaires ! Le petit déjeuner, ça commence à 7h, pas à 6h55 ! Repas du midi à 11h, et celui du soir à 18h, et se mettre en retard, c'est encourir le risque de faire ceinture... Ça peut paraître rude comme ça, mais on vit sur un bateau, avec tout un tas de gens différents, vacant à tout autant d'occupations différentes, et ces horaires stricts permettent aux évènements de rester gérables.
Je sais que la question du mal de mer vous intéresse tous, et bien pour le moment, ça va bien, je touche le bois vernis de ma couchette, la mer n'est pas trop agitée depuis le départ de la Réunion, du coup à
part un roulis qui me fait monter puis descendre la tête sur ma couchette, je ne ressens pas vraiment de malaise. J'ai un traitement homéopathique de fond contre le mal de mer, coculus, petroleum et
tabacum, trois granules de chaque toutes les heures d'éveil, mais pour assurer le coup et être bien dès le départ, j'ai quand même opté pour l'option du comprimé Mer Calme ce soir, ce qui, combiné avec mes deux
heures de sommeil dans l'avion entre Paris et le Réunion, m'a donné un coup de barre monumental qui m'a conduit au lit dès 19h30, après le repas... Ce qui explique que je sois réveillé et frais pour écrire mon
journal de bord à minuit et demi... Que dire d'autre... Le départ de la Réunion s'est donc fait sans encombre, j'ai pris beaucoup de photos et de plans vidéo, l'objectif étant de réussir à monter quelque chose à envoyer en France bientôt. Entre la visite du navire, la Réunion au loin en fin d'après midi et les plans de mer, j'ai de quoi faire !
Physiquement, ça va plutôt bien ! Le bateau est encore chaud des 29°C de la Réunion, et à mon pont, il fait encore très lourd, ce qui se ressent au niveau du corps, mais c'est largement supportable, et ça devrait se rafraîchir à mesure que l'on fait route vers le Sud. Je n'étais clairement pas préparé aux chaleurs de la Réunion, moi qui ai quitté Paris avec un pull et une écharpe, et la chaleur locale à mon arrivée m'a vraiment assommé ! Il faut que je dorme maintenant, mon réveil sonne à 6h30, ce qui me laisse une marge confortable pour dormir avant le petit déjeuner !

Entrée de journal n°3, samedi 10 Novembre 2012, 17h50, Temps nuageux, Pont H du Marion Dufresne
J'écris cette entrée du pont le plus au dessus du niveau de la Mer, où je prends le vent après une journée plutôt calme, mais riche en nouveautés !
Aujourd'hui, j'ai passé une partie de la matinée sur l'avant du pont du Marion, à regarder la mer, je guette les poissons volants. Souvent seul, parfois en petit groupe, j'attends fébrile le saut de ces créatures incroyables qui font des vols planés de plusieurs mètres, se dirigeant dans l'air avec leur immenses nageoires, avant de se laisser à nouveau engloutir par l'Océan, cette créature est juste incroyable !
Se dire que l'on est là, sur ce bateau, au milieu de l'Océan, sachant ce qui m'attend, c'est juste fou. Où que porte mon regard, ce n'est que de l'eau... bleue... Ce bleu marine qui n'existe qu'ici, au milieude la mer, je ne l'avais jamais vu autre part dans la nature que dans une tablette de peinture, et qui s'étend à perte de vue...

Le bleu de l'Indien, unique couleur de palette du peintre monochrome.

Cet après-midi, réunion pour planifier mon terrain à mon arrivée sur Crozet... Mois chargé qui s'annonce ! J'ai passé trop de temps à regarder la proue du bateau monter, descendre, monter, descendre... ça
m'a donné mal au coeur, du coup je suis monté ici, gouter le vent marin et jouer de la flûte. J'entends à peine le son de l'instrument, avec le boucan des machines, mais c'est agréable de s'occuper les mains et
l'esprit sur autre chose en prenant l'air. Je regarde ma montre, bientôt 18h, bientôt l'heure du repas, je ne dois pas être en retard !

Take care tout le monde ! Winter is coming !



jeudi 18 octobre 2012

Crozet ?!


Oui, les crozets sont bien de petites pâtes savoyardes carrées faîtes à base de farine de sarrasin, mais dans le cas présent, c'est aussi et avant tout le nom de l'archipel où je vais passer l'année qui vient.
Cet archipel du sud de l'Océan Indien, composé de cinq îles volcaniques, constitue l'un des cinq districts des Terres Australes et Antarctiques Françaises.

Drapeau des TAAF
Armoiries des TAAF
D'une superficie de 352 km2, ces îles se situent entre les latitudes 45°95' et 46°50' Sud et les longitudes 50°33' et 52°58'Est. Vous cherchiez les quarantièmes rugissants? Vous y êtes, et en plein dedans... Le voyage en bateau pour y parvenir s'annonce légèrement mouvementé...
L'archipel est divisé en deux groupes d'îles, distants d'environ 110 km. Le groupe occidental comprend les Cochons, les Apôtres et les Pingouins, groupe appelé Îles Froides par Marion-Dufresne, lors de leur découverte en 1772. Le groupe oriental comprend l'Île de la Possession et l'Île de l'Est.

C'est sur l'Île de la Possession (46°24'S; 51°46'E) que se trouve la seule population humaine de l'archipel, à savoir la base Alfred Faure (directeur de la mission de 20 personnes chargées de construire la base), base scientifique permanente établie en 1964. Cette base est construite sur la côte orientale de l'île, à l'abri des vents d'Ouest dominants. Elle est située sur un plateau, à une altitude moyenne de 130 mètres, au sud de la baie du Marin, qui constitue l'un des seuls points de débarquement de l'île. Chaque année, une vingtaine d'hivernants est hébergée sur la base, dont les bâtiments représentent une surface totale de 2500 m2 (pour ceux qui pensaient que j'allais vivre seul dans une cabane de planches sur un caillou à manger des moules crues, ce n'est pas tout à fait ça !). Une soixantaine de personnes peut y séjourner durant la campagne d'été.
La base est desservie par le Marion Dufresne, au départ de l'Île de la Réunion, distante de 2860 km (6 jours de trajet).

L'île de la Possession, la base et les cabanes

Frenot et al. 2001

En ce qui concerne le climat...

Les îles Crozet ne sont pas gelées en général. Les précipitations y sont très abondantes. Comptez en moyenne entre 2500 et 3200 mm par an, alors qu'en comparaison Brest est à environ 1200 et Paris 650mm. Il pleut en moyenne 300jours par an, et, 100 jours par an, les vents y dépassent les 100 km/h. Au niveau de la mer, les températures (sans vent) peuvent atteindre les 20°C en été et descendent rarement en dessous de 0°C en hiver. (A vérifier !)

Environnement :

Les îles Crozet sont classées réserve naturelle depuis 1938. Cette protection a été renforcée en octobre 2006 par la création de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, qui inclut également les espaces naturels des districts des îles Kerguelen et de Saint-Paul-et-Amsterdam. Aux îles Crozet, la nouvelle réserve naturelle nationale porte sur l'intégralité des espaces terrestres, ainsi que sur les eaux territoriales à l’exception de celles de l’Île de la Possession. Sur l'Île de l'Est, l'Île aux Cochons, l'Île des Pingouins, ainsi que sur les Îlots des Apôtres, la protection prend la forme d'une réserve intégrale, où seules les activités liées à la recherche scientifique et technique sont autorisées.
L’introduction d’espèces étrangères (des souris, des rats, puis des chats utilisés pour les chasser) a causé de graves dommages à l’écosystème originel, en raison notamment de la prédation exercée sur les œufs et les petites espèces de pétrels. Les cochons introduits jadis sur l’île aux cochons et les chèvres amenées sur l’île de la Possession (à chaque fois comme source de nourriture) ont été exterminés. Les espèces végétales introduites sur l’île, volontairement ou non, comme le pissenlit ou la sagine, prolifèrent souvent au détriment des espèces locales.
La légine

Parmi les problèmes actuels, on trouve la pêche illégale de la légine par des armements non autorisés. Cette pêche menace la population de légine, mais également les populations de pétrels et d'albatros, victimes accidentelles des palangres, ainsi que la population d'orques parfois chassées à la dynamite. Les eaux des îles Crozet sont régulièrement surveillées par un navire de la marine française, l'Albatros, parfois également par Greenpeace.
Les îles Crozet abritent quatre espèces de manchots, surtout des gorfous dorés (4 millions d’individus, également appelé gorfou macaroni) et des manchots royaux (sous-espèce patagonicus). Le gorfou sauteur et le manchot papou sont également représentés.

Gorfou doré

Parmi les autres animaux vivant sur les îles Crozet, on trouve d'autres oiseaux marins : pétrels (pétrels géants, pétrels à menton blanc, petits pétrels), albatros (albatros hurleurs, albatros à tête grise, albatros à sourcils noirs, albatros à bec jaune, albatros fuligineux), skuas, goélands dominicains, et des mammifères marins : otaries, éléphants de mer, orques.


Un peu d'Histoire...

Les îles Crozet furent découvertes par l’expédition de l’explorateur français Nicolas Thomas Marion-Dufresne qui fit débarquer son second Julien Crozet sur l’île de la Possession le 24 janvier 1772. Crozet prit alors possession de l’archipel au nom de la France. Le capitaine britannique James Cook nomma ces îles d’après Julien Crozet, ayant également donné le nom de Marion-Dufresne à l’île Marion voisine de celle du Prince-Édouard.
Au début du XIXe siècle, les îles Crozet étaient souvent visitées par des chasseurs de phoques, provoquant leur quasi disparition vers 1835. Après cette date, la chasse à la baleine fut la principale activité menée autour de l’archipel, particulièrement par les baleiniers du Massachusetts, aux États-Unis.
Les naufrages étaient fréquents aux abords des îles Crozet. Le chasseur de phoques britannique Princess of Wales coula en 1821 et les rescapés du naufrage passèrent deux ans sur les îles. En 1887, le navire français Tamaris coula et son équipage se réfugia sur l’île aux Cochons. Ils attachèrent une note à la patte d’un pétrel ; la note fut trouvée sept mois plus tard à Fremantle en Australie, mais les naufragés ne purent être sauvés. La fréquence des accidents maritimes autour des îles était telle que la Royal Navy y envoyait de temps en temps un navire (à intervalles de quelques années) pour récupérer d’éventuels survivants.
Après 1923 et l’affirmation de sa souveraineté, la France administre les îles Crozet comme une dépendance de Madagascar, mais elles deviennent un district des Terres australes et antarctiques françaises en 1955. En 1961, une première mission a lieu sur l'île de la Possession. En 1963, la base permanente est construite au-dessus du site de Port-Alfred, elle reçoit en 1969 le nom d'Alfred Faure (chef de la première mission). Les scientifiques y réalisent des recherches en météorologie, biologie, géologie, magnétisme terrestre et sismographie.



mardi 9 octobre 2012

Le séminaire de l'IPEV




Du 1er au 5 Octobre dernier eut lieu le traditionnel séminaire de l'IPEV, séminaire pendant lequel les hivernants des quatre districts subantarctiques et antarctiques sont réunis pour se rencontrer et recueillir quelques (nombreuses) informations avant leur départ.
Comment vous dire...Vous connaissez ces films où l'on monte une équipe d'experts de tous horizons afin qu'ils mènent à bien une mission de la plus haute importance ? Oui ? Et bien le séminaire de l'IPEV, c'est le rassemblement de ces experts avant qu'ils ne montent dans leur navette spatiale ! Ils étaient tous là, les ornithos, les magné-sismo, les ecobio, les informaticiens, les cuistots et les médecins, les ouvriers qualifiés... Autant de nouvelles têtes et de personnalités à essayer de rencontrer sur une courte semaine, mais qu'on ne peut au final que survoler, avant de passer au vif du sujet avec une poignée d'entre eux, qui partageront mon quotidien extraordinaire et surnaturel pour les 13 mois à venir... Cela dit, ça peut aussi ressembler à Koh Lanta...

Imaginez le pitch... Générique... (tin tinlin tin tin, tin tinlin tintin...) (Avec la voix de Denis Brogniart, of course) Dans un archipel lointain perdu dans l'Océan Indien, au nom aussi exotique que mystérieux du nom de TAAF, trois îles inhospitalières, peuplées de créatures étranges et sauvages, accueillent depuis plus d'un demi siècle des missions d'études scientifiques, laissées sur place par le vaisseau ravitailleur Marion Dufresne lors d'une de ses quatre missions annuelles...Amenant ces naufragés volontaires ( au passage il n'y a que dans Koh Lanta que tu peux entendre un truc tel que naufragé volontaire... enfin..) pour assurer la relève de la mission précédente, il récupérera les différentes tribus un an plus tard. Amsterdam, Crozet, Kerguelen, et Terre Adélie... Sur Crozet (3200mm de pluie en moyenne sur l'année), la plus humide d'entre elles, vivent plus de 25 millions d'oiseaux... Au milieu de ces dinosaures à plume, la base scientifique Alfred Faure lutte contre les vents et les pluies, accrochée à la roche volcanique de cette île à la nature indomptable... Rajoutez des images de chou de Kerguelen, de manchots féroces et indomptables (ça aussi Denis brouillard il aime bien...) plongeant dans l'eau et une orque mangeant un phoque, vous tenez votre générique...

Etudes des plantes et des invertébrés, du magnétisme terrestre, des oiseaux de mer, des manchots... Chacun d'entre nous a sa mission, son propre délire et sa culture scientifique, qui va le tenir occupé jour après jour, mois après mois, pendant un an !

Pour revenir au séminaire, je ne vais pas trop en révéler ici, au cas où de futurs hivernants passeraient par là, afin d'éviter le spoil et de leur laisser le plaisir de découvrir cette semaine particulière où nos missions, jusqu'alors virtuelles et pour le moins lointaines, prennent le dernier virage de la route, et où bout de cette route, on commence à apercevoir, avec un mélange de fébrilité, d'excitation et une pointe d'inquiétude, un bateau, et encore plus loin, une île lointaine. C'est un très bon moment à passer, comme dit plus haut on y rencontre un tas de gens, les responsables de l'IPEV avec qui tu as pu communiquer ces derniers mois, soit par mail soit par téléphone, et avec qui tu vas communiquer les mois suivant, prennent un visage, et ça c'est cool :)
On prévoit tout un tas de trucs et d'activités à faire sur place, si on arrive à en faire ne serait-ce qu'une, ce sera déjà bien...
Winter is coming, on s'en approche...


lundi 8 octobre 2012

Les malles...



Le passage de la préparation des malles est certainement l'épisode le plus drôle, le plus excitant, mais aussi un des plus stressant de la préparation de l'hivernage. L'IPEV autorisant l'hivernant à emporter avec lui trois cantines métalliques standard, pour un poids total maximal de 120kg, ça laisse une marge de matériel personnel et autres friandises assez conséquente, une fois le très onéreux matériel empaqueté !

Qu'emmener? Du matériel ? De quoi manger ? Des tas de vêtements? Et si j'oubliais quelque chose? Est-ce qu'Amazon livre dans les Terres Australes ? De quelle couleur prendre mon bonnet si ma gore tex est jaune et mon pantalon bleu ? Tu te poses des tas de questions, à mesure que le temps d'envoyer ta malle approche, et que ta carte bleue crie grâce...
Le passage au supermarché, avec ton caddie rempli de bouteilles de shampoings, de gel douche, tes dix tubes de dentifrices, sirops... est quasi inévitable et particulièrement sympa... Quand tu arrives en caisse après avoir eu une crise de "et si je prenais ça, et ça aussi, ah ça c'est en promo tiens, je le prends aussi...", et que tu vois les yeux de la caissière se demander sur quelle planète tu pars quand elle passe des six bombes de mousse à raser aux quinze paquets de TUCS, tu as envie de répondre à cette question muette, non exprimée... Je pars 13 mois dans les îles subantarctiques madame...
L'achat des malles en lui même est une aventure ! Trois malles d'un mètre de long sur quarante de large, transportées sur deux caddys parcourant les rayons du Carrefour, ça en fait s'exorbiter des yeux !

Les malles se remplissent presque toutes seules, en fait... et à mesure que tu déambules dans ton chez toi, tes bras se chargent de tout un tas d'objets, que tu projettes d'emmener "parce qu'on sait jamais.., au cas où... et parce que de toute façon j'ai la place..."
Une malle pour les vêtements, où tu mets tes gore tex plaqués or, chaussures, guêtres  tes douze paires de gants en soie, ton duvet.. Une autre pour la nourriture, produits de douches... Et une dernière, la malle bibliothèque, avec ses quinze kilos de bouquins, matériel et papeteries... Utiliserai-je seulement la moitié de tout ça? Pour la nourriture je ne me fais pas de soucis, pour le reste, on verra ! ;)

Winter is coming, et j'ai de quoi l'affronter (enfin j'espère...) !

vendredi 14 septembre 2012

Premier post.. enfin !



Premier message posté sur ce blog, enfin, dirons certains, déjà, entends-je au fond de la salle...
Qui suis-je tout d'abord... La plupart de mes lecteurs arriveront ici sachant qui je suis, mais pour les autres, futurs hivernants, curieux de la vie dans les terres australes, ou simples vagabonds de la toile attirés par le nom accrocheur de mon blog, une petite présentation s'impose !
Je m'appelle Minh-Xuan, je suis Ingénieur Écologue, spécialisé en Botanique, et je m’apprête à passer un an dans l'archipel de Crozet à partir de Novembre 2012, en tant que Biologiste Écologue dans le cadre de la mission Ecobio, dirigée par l'IPEV.

Pourquoi ce blog, me direz-vous ? Pour faire partager mon expérience des Terres Australes, pour apporter des images et des nouvelles à mes proches restés en Métropole, pour dire au monde que je suis toujours vivant, en somme...

Que trouverez-vous dans ces pages ? Des petits billets sur ma vie dans l'archipel de Crozet, principalement, des conseils pour les futurs hivernants, certainement, et puis des photos, tant que je pourrai :)

N'hésitez pas à laisser des commentaires et des nouvelles, ça fait toujours plaisir, quand je serai là bas sur mon île, ça me fera un contact avec la réalité métropolitaine ! :D

Take care !